Basket et sexisme : quand les femmes arbitres contre-attaquent

Le 24 janvier est la « journée internationale du sport féminin ». Cette occasion permet la mise en lumière des femmes qui font le sport, notamment des arbitres, et ainsi de lutter contre de nombreuses discriminations dont elles sont victimes. En premier lieu le sexisme.

Sur les terrains, elles font la loi. Elles dictent le jeu et font rentrer dans l’ordre ceux qui ne veulent pas suivre le règlement. Les femmes arbitres représentent un peu plus d’un quart des effectifs en France. Pourtant, ces dernières ont beau avoir un statut qui confère autant de pouvoir que de grandes responsabilités, elles se retrouvent confrontées à un mal qui gangrène le sport en général et qui ne fait pas exception dans le basket-ball : le sexisme. “Ce n’est pas qu’un sifflement dans la rue, c’est aussi sur le terrain avec des comportements. Je l’ai connu, moins aujourd’hui, mais il est encore là”, dénonce Nathalie Vial, arbitre de basket en Nationale 1.

Amel Dhara, arbitre de basket-ball,

Pour Amel Dhara, arbitre Euroleague, "la meilleure manière de prévenir le sexisme, outre les sanctions envers ceux qui le font, c'est de se préparer à y faire face." . Photo : Maxime Giralt

La Fédération française de basket-ball (FFBB) a bien saisi le problème, qu'elle tente de combattre. Elle a ainsi mis en place cette journée internationale du sport féminin, imaginée en 2014 par le Conseil supérieur de l’audiovisuel et le Comité national olympique et sportif français. Elle a lieu tous les 24 janvier. 

A l’occasion de cette journée, la Fédération propose aux clubs de promouvoir le sport auprès des femmes, de parler d’arbitrage notamment aux 200 000 licenciées dans le basket, le premier sport collectif féminin. Des ateliers sont proposés et les arbitres féminines de haut niveau se rendent sur des stages d’arbitrage pour parler de leurs expériences et conforter les jeunes filles qui se lancent dans ce cursus.

"C'est une journée importante, relève Nathalie Vial. Elle permet de donner de la visibilité au sport féminin qui est moins médiatisé. Elle permet aussi de partager nos expériences, heureuses et malheureuses." Amel Dhara, arbitre Euroleague féminine, ajoute : "On a de nombreuses réunions sur le sujet chaque saison. On a des stages, des formations, on va dans les clubs, les comités, les ligues pour discuter avec tous les acteurs. La meilleure manière de prévenir le sexisme, outre les sanctions envers ceux qui le font, c'est de se préparer à y faire face. Mais les mentalités évoluent, dans le bon sens."

Des situations brutales sur les parquets

Les situations évoquées lors de ces journées du sport féminin sont, pour les arbitres, le moment de rappeler qu’elles font face à de nombreuses critiques. La première source de revendication des joueurs, entraîneurs ou des spectateurs, c’est l’erreur, manifeste ou supposée, du corps arbitral. “J’ai eu fait des erreurs, sur le terrain comme en dehors, c’est le propre du sport que de manquer un panier ou un coup de sifflet. Mais nos décisions ont un poids très lourd parfois, des répercussions qui sont bien plus grandes que le sport. Et les réactions à ces décisions sont dans certains cas déconnectées de la raison”, explique Carole Delaune-David, ex-arbitre internationale. 

Sur les terrains, la frustration est "l’un des premiers paliers de violence, note Christelle Desoeuvre, ancienne arbitre championnat de France et désormais formatrice en ligue Auvergne-Rhône-Alpes. Les hommes y font face, mais il est plus facile de s'en prendre à une fille ou une femme après avoir manqué un panier ou quand'une faute ne soit pas sifflée".

32 % : C'est la part de femmes arbitres qui avoue avoir déjà été victime d'au moins un acte sexiste sur les terrains de basket .

Photo : Maxime Giralt

Arbitrer à haut niveau n'empêche pas ce genre de comportement. La preuve avec une arbitre française, qui en novembre dernier, a été contrainte d'arrêter la rencontre qu'elle sifflait, après des remarques sexistes d'un spectateur. “Putain”, “Rentre chez toi et nettoie”, ces mots ont été prononcés sans filtre. La Fédération, qui a indiqué “ne pas pouvoir contrôler tous les faits et agissements des spectateurs”, a “constaté” les faits et a tenu à “interdire l’homme en question à vie de toute entrée dans une salle de basket-ball”. 

La FFBB a d’ailleurs déclaré que 32% des femmes arbitres ont déjà été victimes de sexisme. Un chiffre qui ne compte que les faits relevés, manifestes, et qui occulte la haine sur les réseaux sociaux. Laure Coanus, arbitre FIBA, en a été victime : “C’est sur Instagram,Twitter parfois. On commence avec juste un message puis parfois ça dérive, c’est même des petits fils de discussions sous une publication !” 

Dans de rares cas, tout ne s'arrête pas à quelques mots. Lors du match entre Montpellier et Gernika en Eurocup, qui s'est déroulé le 23 novembre dernier dans l'Hérault, un homme a tenté de s'introduire, sous les yeux des spectateurs et du personnel de sécurité, dans les locaux qui font office de vestiaires aux arbitres. Elles étaient trois féminines ce soir-là à officier et la sécurité a aussitôt refoulé l’homme.


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