On ne naît pas arbitre, on le devient

Quatre arbitres français de basket-ball racontent leur rencontre avec les sifflets. Un coup de foudre pas toujours voulu.

Laure Coanus. Photo : Maxime Giralt

Marion Ortis. Photo : Maxime Giralt

Maxime Boubert. Photo : Maxime Giralt

José Soares. Photo : Maxime Giralt

Elles se nomment Laure Coanus, fonctionnaire contractuelle de 28 ans, et Marion Ortis, employée dans un bailleur social de 34 ans. Il y a aussi José Soares, 47 ans et livreur pour une société qui fabrique des volets, Hugues Thepenier, professeur de 38 ans, et Maxime Boubert, 31 ans et vendeur pour une célèbre enseigne de sport. 

Tous partagent un premier point commun : ils arbitrent au plus haut niveau en France et en Europe des matches de basket-ball. Si leur carrière les a mené chacun vers des records personnels, confrontés aussi à des limites dans leur vie, ils sont tombés sur cette manière d’aborder ce sport tous d’une manière différente. Leurs parcours, pour arriver à tutoyer les sommets, n’ont rien à voir les uns avec les autres. 

“Mes premiers souvenirs d’arbitrage, je les ai avec mon père”, raconte Hugues Thepenier. La présence d’un membre de la famille dans une activité encourage l’enfant à le suivre. C’est ce qu’on appelle la “transmission culturelle”. Dès ses 15 ans, Hugues Thepenier a pu compter sur un père lui aussi arbitre, avec lequel il officiait régulièrement. Il a ensuite gravi les échelons, un par un, pour en 2011 devenir arbitre Pro A. 

C’est un sentiment partagé par Marion Ortis. Elle aussi a commencé avec “papa au volant”. “Il m’avait parlé de ça et quand j’ai fait mes premières!res gammes, ils ont toujours été aux petits soins pour moi.” Démarrée à l’âge de 16 ans, la carrière d’arbitre de l’Alsacienne l’emmène en 2022 à officier lors de la finale de première division masculine. Elle est ainsi devenue la première femme à ce poste depuis plus de cent ans.

38. C’est le nombre d’arbitres qui peuvent officier sur des rencontres de Betclic Elite, la plus haute ligue masculine française.

Pas tous logés à la même enseigne

La rencontre avec l’arbitrage a été plus chaotique pour Laure Coanus et Maxime Boubert. Les deux ont débuté par “obligation” de leurs clubs quand ils étaient plus jeunes. Pour la Savoyarde, il n’y avait que le basket. Mais le jeu, pas le sifflet. “J’étais une joueuse qui enchaînait les blessures. Un jour, le club m’a donné le sifflet pour arbitrer des enfants et j’y ai pris goût.” A 17 ans, la voilà qui ntame un parcours qui la mène sept ans plus tard sur les parquets de Pro A.

Maxime Boubert parle plutôt d’”obligation”. Plus jeune, le Francilien était très critique à l’encontre du corps arbitral. “Mon comportement envers les arbitres n’était pas très positif. On m’a poussé à prendre le sifflet parce que j’avais été sanctionné. C’était presque à contrecœur mais le plaisir et l’envie de continuer sont rapidement restés.” En deux saisons, il est propulsé en Nationale 3. A 22 ans, il officie en Pro A, devenant ainsi le plus jeune arbitre français à ce niveau.

Enfin, il y a le cas José Soares. Le Landais a goûté au sifflet par nécessité : “Le club avait un manque cruel d’arbitres.” A 15 ans, il est propulsé sur les rencontres de jeunes, puis monte petit à petit jusqu’en Pro A. Premier arbitre landais à officier au top niveau français, il a dirigé son premier “All Star Game” en décembre 2023, ce match qui réunit les meilleurs joueurs français et étrangers de l’Hexagone.

L’autre point commun que partagent tous ces arbitres est la passion qui n’a cessé de grandir. Preuve en est, il ne suffit pas d’être un “fils de” ou née sous une bonne étoile pour atteindre les sommets.

ARBITRE, COMMENT ÇA MARCHE ? Les clubs de basket-ball sont dans l’obligation de fournir des arbitres à leurs comités départementaux. Souvent jeunes, ces apprentis débutent comme “arbitre club” et se forment au sein d’écoles créées par les clubs.  Selon leurs qualités, ces stagiaires peuvent alors devenir “arbitres départementaux” et passer les examens pour devenir officiels. L’accession aux échelons supérieurs se fait sur la base du volontariat et de la proposition par les instances.  Des formations sont régulièrement organisées pour créer une cohésion entre les arbitres, apprendre, et jauger leur niveau. Des formations continues permettent également de détecter les potentiels promus. Elles accompagnent au quotidien chaque arbitre, avec des stages mensuels, contrairement à une formation dite normale, où les stages sont tous les six mois. La rémunération des arbitres se fait selon trois critères : la distance entre le domicile et le lieu de la rencontre, le niveau de la rencontre et la catégorie.

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