Les réseaux sociaux, terrain de jeu des critiques sur l’arbitrage
Les arbitres de basket font face à une nouvelle pression : celle des médias numériques. Transformés en cibles, ils subissent un bashing systématique, au point que certains, comme Maxime Boubert, préfèrent quitter ces plateformes.
En 2022 et 2023, après des décisions controversées, Alexandre Maret a subi une déferlante de haine via ses réseaux sociaux. Plusieurs désignations de matches ont dû être annulées et certaines salles militaient pour sa non-désignation.
Photo : Maxime Giralt
« Incompétent », « vendu », « dégage ! ». En quelques clics, Maxime Boubert, arbitre de haut niveau de basket, est devenu la cible d’une vague d’insultes après un match tendu de Betclic Elite. Une vidéo virale sur X, ex-Twitter, qui montre une faute sifflée contre un joueur en fin de rencontre, a suffi à déclencher un torrent de critiques en 2024. « Mon téléphone vibrait sans arrêt, j’ai reçu des messages de haine pendant des jours », raconte-t-il. Écœuré, l’une des figures à l’international de l’arbitrage français a décidé de quitter les réseaux sociaux. « Ce n’était plus vivable. J’arbitre par passion, pas pour être insulté. »
Comme lui, de nombreux arbitres sont pris pour cible sur les réseaux sociaux. Selon la Fédération française de basket (FFBB), 72 incidents de harcèlement en ligne visant des officiels ont été recensés en 2023. Un chiffre en hausse constante, qui inquiète les instances. Entre 2018 et 2023, le nombre d’incidents dénombrés a fait un bond de près de 50 %. « Les réseaux sociaux amplifient tout, analyse un représentant de la FFBB. Une erreur qui, avant, restait limitée à un gymnase, devient aujourd’hui un débat public. » Cette exposition permanente crée un climat délétère, où l’arbitre n’est plus seulement un acteur du jeu, mais un personnage scruté, critiqué et souvent décrié.
Tout comme son collègue, Maxime Boubert a récemment dû disparaître des réseaux sociaux, pour les mêmes raisons. « Ce n’était plus vivable. J’arbitre par passion, pas pour être insulté », déclare-t-il.
Photo : Maxime Giralt
La fin de l’anonymat
Avec l’explosion des plateformes comme Instagram, X ou TikTok, chaque geste, chaque décision peuvent être filmés et diffusés en quelques secondes. Les erreurs arbitrales, inévitables dans un sport rapide comme le basket, deviennent virales, déclenchent des vagues de réactions parfois disproportionnées.
Alexandre Maret, arbitre de Betclic Elite, en a notamment fait l’amère expérience le 2 octobre 2022. Le match opposait Monaco à Roanne. L’histoire commence par des propos acerbes de l’entraîneur de la Chorale, en conférence de presse d’après match. Elle se poursuit sur les réseaux sociaux et l’oblige “à tout quitter”. « J’ai été envahi de messages haineux, certains remettant en question mon intégrité. » Problème : il revient à l’été 2023 sur les réseaux, et bis-repetita. Fin octobre 2023, entre Blois et Nancy, l’histoire se répète. « C’était la goutte de trop et j’ai décidé de ne plus profiter des réseaux sociaux.» Un choix partagé par d’autres arbitres, conscients que leur santé mentale est en jeu.
| LES SOLUTION DE LA FÉDÉRATION : Face à l’explosion des critiques et du harcèlement en ligne, la FFBB a déployé plusieurs initiatives pour protéger ses arbitres. Une campagne nationale, intitulée “Respectez l’arbitre”, sensibilise les joueurs, entraîneurs et supporters à l’importance de leur rôle. Parallèlement, des formations sur la gestion des réseaux sociaux sont proposées aux officiels, pour les aider à faire face à l’exposition numérique et à réagir en cas de harcèlement. La FFBB travaille également à renforcer son dispositif de signalement, ce qui permet aux arbitres de rapporter les abus plus rapidement. Enfin, un accompagnement |
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Maxime Boubert encore dans l'actu
Le 11 mai 2025, lors de la rencontre entre l'AS Monaco et la JL Bourg en Betclic Elite, Mike James, meneur vedette de Monaco, a été exclu par l'arbitre Maxime Boubert à la 27e minute de jeu. Cette exclusion est survenue lors d'une défaite sévère de Monaco à domicile (73-100), en pleine course aux playoff.
Quelques secondes après son retour aux vestiaires, Mike James a dégainé son portable. Et la sulfateuse. Il a publié un tweet particulièrement critique envers l'arbitre français : "C'est exactement pour ça qu'il ne participe pas aux playoffs de l'EuroLeague. Parce que sa qualité est médiocre."
Ce message, posté sur son compte X, visait clairement Maxime Boubert, qui avait procédé à son exclusion. Cette sortie médiatique immédiate et virulente a marqué un incident majeur dans les relations entre le joueur américain et l'arbitre français, dans un contexte où Monaco venait de se qualifier pour le Final Four de l'EuroLeague cinq jours plus tôt.
Par la suite, le club monégasque a écarté le meneur américain, pour d'autres raisons.
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