“Le sport et l’immobilier, c’est ma vie.” Entre deux réservations, Morgan Jovanovic Murillon réajuste son jogging, regarde sa montre connectée et sert un café ce mardi après-midi. À 35 ans, il gère le complexe sportif Urban padel à Montpellier. Mais sa vie est loin d’être cantonnée à l’arrière d’un comptoir. Il enfile environ deux fois par semaine sa casquette d’agent immobilier. Mais ce qu’il préfère enfiler, c’est bien la tenue d’arbitre. Depuis 2012 et son accès au niveau Nationale 1, il siffle les plus grands matches du basket français. Il y a bien un autre costume qu’il porte, celui de mari et père de deux jeunes garçons. Une jonglerie peu commune avec trois professions, qui demande une organisation millimétrée.

Le natif d’Aubenas garde toujours trois tenues dans sa voiture : une chemise et un pantalon pour ses rendez-vous immobiliers, une tenue de sport pour le padel, et, bien sûr, son uniforme d'arbitre. Il se souvient d’une halte sur une aire d’autoroute un soir, après une journée de travail, pour “enfiler la tenue d’arbitre” et ainsi gagner quelques précieuses minutes. "Le temps, c'est ce qui me manque le plus, alors j'ai appris à être créatif."

À mille à l’heure

Morgan a suivi les traces de son père, Luc Murillon, ancien arbitre et ex-président de la commission fédérale des officiels à la Fédération française de basket-ball. "Morgan a toujours été hyperactif, passionné", se souvient son père. Dès ses premiers matches en pro, il avait déjà "cette capacité à gérer les situations les plus tendues avec un calme impressionnant", témoigne son mentor et figure de l’arbitrage en France, Eddie Viator.

Ses journées sont un véritable marathon. Il n'est pas rare de le voir enchaîner une signature de compromis de vente ou superviser l'entretien d'un terrain de padel, avant de prendre la route pour arbitrer en soirée, à l'autre bout de la France. Sans oublier Matéo, 3 ans, et Gabin, 9 ans, ses deux fils. Avec un petit pincement aux lèvres, il exprime d’ailleurs un regret les concernant : ne pas pouvoir les emmener ni les récupérer à l’école.  "Il arrive qu’ils m’accompagnent sur des matches. C'est aussi ça, passer du temps ensemble, comme mon père le faisait avec moi", se rassure-t-il.