Les tatouages, nouvel atout pour humaniser l’arbitrage dans le basket français

Alors que le basketball français connaît un engouement sans précédent, un nouveau phénomène s'observe sur les parquets : la recrudescence des tatouages visibles chez les arbitres. Focus sur cet accessoire qui se démocratise.

Pas incompatible avec la pratique de l'arbitrage à haut niveau, les tatouages se montrent de plus en plus sur les parquets.

Photos : Maxime Giralt


"C'est devenu presque une norme, constate Raphaël Venance, arbitre de Nationale 1 depuis trois ans. Quand j'ai commencé, on ne voyait quasiment pas de tatouages. Maintenant, c'est rare de tomber sur un arbitre qui n'en a pas."

En effet, selon les observations de la Fédération française de basket-ball (FFBB), près de 55% des 120 arbitres évoluant au plus haut niveau du basket français arborent au moins un tatouage. “Mon premier, je l’ai fait il y a cinq ans, juste après être devenu arbitre pro”, confie Alexandre Deman, qui officie en Nationale 1 et a notamment sifflé le mondial U19 en 2021.

Parmi les arbitres les plus tatoués au haut niveau, on peut citer Samuel Moreau, Charly Frossard ou encore Cynthia Pelé Le Quilliec. "Mes tatouages représentent ma passion pour le basket et ma carrière d'arbitre", confesse Samuel Moreau, qui compte plus de quinze ans d'expérience.

De son côté, Cynthia Pelé Le Quilliec a fait graver sur son bras les dates du décès de ses grands-parents et la date de son mariage. "C'est une manière d'affirmer mon identité, mon passé et de montrer que même en tant qu'arbitre, on peut avoir une personnalité."

Quant à Charly Frossard, ses multiples tatouages reflètent davantage son parcours personnel. "J'en ai un qui représente ma fille, un autre qui symbolise le combat contre le cancer que j'ai mené il y a quelques années. Ça fait partie intégrante de mon histoire."

“Casser cette image austère et rigide”

Si certains y voient un manque de professionnalisme, les instances dirigeantes du basket français semblent plutôt approuver cette tendance. "Tant que ça ne gêne pas l'exercice de leur fonction, nous n'avons pas de problème avec ça", indique Philippe Ausseur, président de la commission centrale des arbitres de la LNB. "C'est une forme d'expression personnelle, renchérit Alexandre Deman. Ça permet aussi de casser cette image un peu austère et rigide qu'on peut avoir."

En effet, de l'avis de nombreux joueurs et supporters, les tatouages contribuent à rendre les arbitres "plus abordables" et "plus humains". "Avant, on les voyait presque comme des robots, sans personnalité, confie Quentin Benitez, joueur en Betclic Élite. Maintenant, on a l'impression de mieux les connaître et de pouvoir plus facilement dialoguer avec eux."

"Quand j'ai commencé, on nous disait de rester impassibles et de ne surtout pas montrer nos émotions. Maintenant, les instances nous encouragent à être plus incarnés." Cynthia Pelé Le Quilliec, 32 ans.

Cette tendance des arbitres à afficher leurs tatouages s'inscrit dans un mouvement plus large de transformation de l'image de "l’homme en noir" dans le basket français. "Quand je suis arrivé dans l'arbitrage il y a 20 ans, on nous voyait vraiment comme des robots, sans émotions, se souvient Raphaël Venance. Aujourd'hui, la Ligue nous demande d'être plus expressifs, de communiquer davantage avec les joueurs et le public."

Un changement de mentalité porté notamment par la nouvelle génération d'arbitres, plus jeunes et en phase avec l’époque. "Quand j'ai commencé, on nous disait de rester impassibles et de ne surtout pas montrer nos émotions, témoigne Cynthia Pelé Le Quilliec, 32 ans. Maintenant, les instances nous encouragent à être plus incarnés." Avec l’idée de rendre le poste plus humain.

Cette évolution se traduit également dans l'apparence physique des officiels, avec l'essor des tatouages mais aussi le port de tenues plus ajustées, plus colorées, de quelques fantaisies tout de même réglementées ou encore de barbes bien taillées. "On veut que les arbitres ressemblent davantage à des athlètes", analyse Philippe Ausseur.

Un phénomène qui n'est pas sans rappeler ce qui s'est passé dans d'autres sports, comme le football avec l'émergence d'"arbitres people", à l’image de Clément Turpin ou Stéphanie Frappart. "Mes tatouages font désormais partie intégrante de mon identité d'arbitre, confie Samuel Moreau. Quand je suis sur le terrain, je ne me sens pas différent des joueurs. On partage tous la même passion pour ce sport."

Un message qui résonne de plus en plus fort auprès du public, friand de cette image d'arbitres "plus humains" et connectés à leur époque.


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